Le coup dur du reconfinement vu d’une photographe
Le reconfinement a débuté depuis une semaine maintenant. Après le coup dur de l’annonce, on essaie de se dire, encore une fois, que c’est l’opportunité de se poser, réfléchir à nouveau sur de possibles partenariats, travailler sa communication…Mais sans clients, sans séance photo, tout devient quand même triste. Et puis, les annonces changent sans cesse. D’abord, le studio doit fermer, mais pas les séances à domicile ou en extérieur. Belle nouvelle, dans ce contexte si particulier. Mais, nouveau rebondissement 48 heures plus tard, finalement, tout doit fermer…C’est un vrai roller coaster en termes d’émotions…On se sent impuissants. Nous avons tous fait pour mettre en place ces gestes barrières, malgré tout cela, nous devons fermer car nous ne sommes pas essentiels…Pourtant, bien sûr que pour nous, elle l’est, essentielle. Quand nous avons une future maman ou un nouveau-né qui vient de naître, ce sont des photos que ces familles n’auront pas. Pourtant cela fait partie de leur patrimoine familial, et ces photos, nous ne pouvons pas les reporter…
Le début du mouvement des photographes #artisanapoil
Impuissance est le terme qui désigne le plus ce que j’ai ressenti, face à tout cela. Et je déteste absolument me sentir impuissante…. Alors, quand j’ai vu Studio Arnography, un photographe de l’Oise, publier sa propre photo avec le message « Quitte à être mis à poil par le gouvernement, je préfère le faire moi-même ! », et quelques photographes lui demander s’ils pouvaient faire pareil, l’idée m’a de suite plue. Interpeller sur notre situation, de façon humoristique, un peu légère, dans un contexte si anxiogène. J’ai longtemps hésité à le faire moi-même, mais l’idée de me lancer de défi en tant que photographe, m’a convaincue. Pour nous soutenir les uns, les autres. Pour montrer notre solidarité. Et surtout montrer notre mécontentement.
Ma propre contribution en tant que photographe et artisane
Alors, j’ai délaissé quelques vêtements pour cette photo. Après tout, si je le demande à mes clientes, je dois pouvoir le faire moi-même. Et je peux vous dire que la publier n’a pas été chose simple et a provoqué quelques insomnies ! Mais j’ai finalement été satisfaite de voir la réaction des personnes qui me suivaient, et me soutenaient. Et parce que je ne fais jamais les choses à moitié, j’ai ensuite contacté les photographes et artisans de Dijon et de ma région qui avaient eux aussi suivi le mouvement. Ça a été l’opportunité d’échanger avec elles (oui, car le mouvement est quand même très principalement féminin, malgré la première photo prise par un homme photographe), de faire de nouvelles connaissances. Car être photographe, c’est parfois se sentir aussi un peu seule. Le monde des photographes est parfois décrit comme redoutable, de mon côté, j’ai toujours vu beaucoup de bienveillance, d’entraide et de solidarité.
Suite à ma publication, tout s’est vite enchainé très vite : reportage avec France 3 Bourgogne, interview avec le Bien Public…. Alors oui, certains disent que cela ne sert pas à grand-chose ; mais pour nous, photographes, artisans et commerçants, c’est une façon de montrer que nous sommes là, de nous exprimer, parce que nous ne demandons que de travailler avec nos chers clients, de réaliser nos séances photo, dans le strict respect des mesures barrières.
Cette expérience m’aura appris à assumer beaucoup plus mes opinions, et j’ai été ravie de pouvoir défendre notre cause. Je remercie sincèrement tous les témoignages que j’ai reçu, des gens que je connais, mais aussi de personnes que je ne connaissais pas.
Ensemble, nous sommes plus forts, et grâce à vous, nous nous sentons moins seuls.